vendredi 7 avril 2017

8 avril 2017 - Marguerite Porete

Marguerite Porete, béguine du XIIIe siècle

Le temps a pris son envol, voilà quatre mois que je n'ai pas posé mon stylo sur ces lignes. Mais ce que je sens au fond de moi est intact, habillé dès lors de Marguerite Porete, béguine du xIIIe siècle,  qui vient compléter mon tableau sur l'amour avec un grand A, ou un petit a, l'amour et c'est variations. J'en apprends tous les jours.
Il fallait bien que je repose ici les mots pour me soumettre à l'envie d'en dire autant. J'ai approché les béguines depuis peu, dont fait partie Marguerite Porete, brûlée en 1320 après avoir refusé de renoncer à ses expériences intérieures. « Je est un autre », Arthur Rimbaud, à force de me nourrir de ces belles âmes je sens cela dans mon corps, habitacle de la passion. Nul par où aller, à qui le dire, cela froisse d'ennui quand j'en parle, alors ici je me sens bien pour le décrire.
Accompagné comme à mon habitude par la musique céleste de Bach, je laisse entrer en moi ces horizons lointains, tout près du cœur, qui fait vase communicante avec mes yeux. Que m'importe le paradis ou l'enfer, là, tout au fond je sens tellement de bien, et j'enlace ma tendre Etty Hillesum, je la sens encore plus que si c'était réel. « je est un autre » prend alors tout son sens, dans cette effusion tendre et infinie, empreinte à l'inexplicable car qui veut se saisir de cela se perd. Je m'abandonne alors et n'ai plus peur, dès lors, d'avoir peur… De l'argent qui ne coule pas à flot, sinon chez mon dentiste ami qui me coûte l'ivoire de mes dents. Qu'importe si cela me pèse, je ne refuse plus d'être colérique ni tendre, je me sens pétri dans Etty, Marguerite Porettes, Anne Frank, Sainte Thérèse. Que des femmes, que j'aime dans mon cœur trop grand.
À l'aune de la nuit, parfois je pense à Etty et je la regarde, alors que mes yeux endormis échappent à tout regard, et j'enlace Aurélia comme si c'était Aurélia, Etty, et moi, et Nathan aussi, et je sens l'amour qui aime tout mon être... je m'endors alors, transporté dans des rêves colorés, éparses et désordonné, qui n'ont ni queue ni tête.
Comme Etty je voudrais devenir un grand écrivain mais je sais que cela n'a finalement que peu d'importance. Mes pensées je les dirige parfois, il suffit que je pense à une belle phrase, que je ne suis pas dans Amour, mais que c'est Amour qui est en moi, pour me sentir rassasié. Fontaine à laquelle je m'abreuve sans retenue et qui coule dans mes yeux.
Et la raison qui veut m'arraisonner encore, mais je suis bien dans cette effusion douce, et ces pensées qui m'entretiennent et font le ménage dans mon âme torturée, qui a toujours peur du noir. Cela me rassure sinon je n'aurai plus rien à donner, si je n'avais plus peur de rien.
Et là, tapis dans l'ombre de ma joie, relever le défi, devenir bon non pas pour devenir bon, mais parce que Dame amour m'entretient et que je prends congé de la vertu qui trop m'étreint.
Je constate que les mots s'accumulent mais je reste sur ma faim, avec l'impression de n'avoir rien dit, et que tout est toujours à l'intérieur de moi. Il me suffit à présent de fermer les yeux, et repenser à toutes ces belles lectures, et quelle importance si je suis un béguin solitaire sur cette terre. Quand je lis les béguines parler, comme Marguerite dans le miroir des âmes anéanties, que peut me faire d'aller au paradis ou en enfer, que peut me faire la vie éternelle si je suis déjà dans l'éternelle vie. Laisser à présent bach couler dans son ruisseau, moi sur la rive à regarder cette même eau qui coule depuis des millions d'années, comme si c'était amour et que je pouvais revenir à mon gré.
Ici c'est mon cloître, mes oiseaux, les fleurs de mon jardin, les cimetières fleuris, des éléphants qui volent dans le ciel, et les nuages blancs qui prennent le relais. C'est une petite fille au loin, assise dans mon jardin, elle n'a pas de nom car amour n'a pas de nom, il est tout au fond et cette délicate présence me ravit comme aucune autre.

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