vendredi 7 avril 2017

8 avril 2017 - Marguerite Porete

Marguerite Porete, béguine du XIIIe siècle

Le temps a pris son envol, voilà quatre mois que je n'ai pas posé mon stylo sur ces lignes. Mais ce que je sens au fond de moi est intact, habillé dès lors de Marguerite Porete, béguine du xIIIe siècle,  qui vient compléter mon tableau sur l'amour avec un grand A, ou un petit a, l'amour et c'est variations. J'en apprends tous les jours.
Il fallait bien que je repose ici les mots pour me soumettre à l'envie d'en dire autant. J'ai approché les béguines depuis peu, dont fait partie Marguerite Porete, brûlée en 1320 après avoir refusé de renoncer à ses expériences intérieures. « Je est un autre », Arthur Rimbaud, à force de me nourrir de ces belles âmes je sens cela dans mon corps, habitacle de la passion. Nul par où aller, à qui le dire, cela froisse d'ennui quand j'en parle, alors ici je me sens bien pour le décrire.
Accompagné comme à mon habitude par la musique céleste de Bach, je laisse entrer en moi ces horizons lointains, tout près du cœur, qui fait vase communicante avec mes yeux. Que m'importe le paradis ou l'enfer, là, tout au fond je sens tellement de bien, et j'enlace ma tendre Etty Hillesum, je la sens encore plus que si c'était réel. « je est un autre » prend alors tout son sens, dans cette effusion tendre et infinie, empreinte à l'inexplicable car qui veut se saisir de cela se perd. Je m'abandonne alors et n'ai plus peur, dès lors, d'avoir peur… De l'argent qui ne coule pas à flot, sinon chez mon dentiste ami qui me coûte l'ivoire de mes dents. Qu'importe si cela me pèse, je ne refuse plus d'être colérique ni tendre, je me sens pétri dans Etty, Marguerite Porettes, Anne Frank, Sainte Thérèse. Que des femmes, que j'aime dans mon cœur trop grand.
À l'aune de la nuit, parfois je pense à Etty et je la regarde, alors que mes yeux endormis échappent à tout regard, et j'enlace Aurélia comme si c'était Aurélia, Etty, et moi, et Nathan aussi, et je sens l'amour qui aime tout mon être... je m'endors alors, transporté dans des rêves colorés, éparses et désordonné, qui n'ont ni queue ni tête.
Comme Etty je voudrais devenir un grand écrivain mais je sais que cela n'a finalement que peu d'importance. Mes pensées je les dirige parfois, il suffit que je pense à une belle phrase, que je ne suis pas dans Amour, mais que c'est Amour qui est en moi, pour me sentir rassasié. Fontaine à laquelle je m'abreuve sans retenue et qui coule dans mes yeux.
Et la raison qui veut m'arraisonner encore, mais je suis bien dans cette effusion douce, et ces pensées qui m'entretiennent et font le ménage dans mon âme torturée, qui a toujours peur du noir. Cela me rassure sinon je n'aurai plus rien à donner, si je n'avais plus peur de rien.
Et là, tapis dans l'ombre de ma joie, relever le défi, devenir bon non pas pour devenir bon, mais parce que Dame amour m'entretient et que je prends congé de la vertu qui trop m'étreint.
Je constate que les mots s'accumulent mais je reste sur ma faim, avec l'impression de n'avoir rien dit, et que tout est toujours à l'intérieur de moi. Il me suffit à présent de fermer les yeux, et repenser à toutes ces belles lectures, et quelle importance si je suis un béguin solitaire sur cette terre. Quand je lis les béguines parler, comme Marguerite dans le miroir des âmes anéanties, que peut me faire d'aller au paradis ou en enfer, que peut me faire la vie éternelle si je suis déjà dans l'éternelle vie. Laisser à présent bach couler dans son ruisseau, moi sur la rive à regarder cette même eau qui coule depuis des millions d'années, comme si c'était amour et que je pouvais revenir à mon gré.
Ici c'est mon cloître, mes oiseaux, les fleurs de mon jardin, les cimetières fleuris, des éléphants qui volent dans le ciel, et les nuages blancs qui prennent le relais. C'est une petite fille au loin, assise dans mon jardin, elle n'a pas de nom car amour n'a pas de nom, il est tout au fond et cette délicate présence me ravit comme aucune autre.

23 décembre 2016 - Noel à 2 euros

Noël à 2 €

Je ne t'oublie pas mon petit prince, le temps passe tellement vite, et moi, là, juste le temps de faire cette remarque insipide sur le temps qui passe, et en profiter par la même occasion pour dire ton nom, mon petit prince, tu grandis et tu grandis aussi dans mon être. Noël, et le Père Noël, ils y croient pas à l'école, mais toi, du haut de tes bientôt huit ans, tu ne lâches pas la bride de tes rennes, et tes rêves empaquetés dans ton traîneau ; tout cela qui s'empare de mon imaginaire à 2 €, par ce que maintenant on parle en euros, comme le livre que j'ai acheté pour Noël pour sebastien « Paris en fête »… Pour deux euros. Il y en a un qui va être content :)
Voilà mon Nathan, je vais aller récupérer mon train pour te rejoindre, mais je voulais poser ces petits mots pour m'accrocher encore aux branches de ton livre, en mémoire de la petite musique qui caracole en tête quand je suis avec toi, où les nuages sont des notes, le soleil un grand silence, et la terre notre portée.
Ton papa qui t'aime

28 novembre 2016 - novembre en hiver

Novembre en hiver.

Précieux moment qu'il m'est donné ici, pour écrire doucement et reposer mon corps animé de ce matin, entre prise de sang, pas manger, et contrariétés avec mon cancérologue qui ne répond pas à mon message. Je dois la revoir le neuf, en sous-neuf de préférence, pour des examens de contrôle, sauf que je crois avoir égaré ma prescription de scanner, et la dame elle répond pas, enfin encore du patati et du patata à tout-va, encore je m'égare, comme si la solution était dans l'explication. Comme s'il fallait creuser encore et encore, alors que là, le ciel, il suffit de lever la tête, un peu, beaucoup, passionnément, voir à la folle vie, embrasser les murs des prisons, pleurer de joie, la joie qui va et vient au rythme du temps qui passe sur le cœur des vivants,puis emporte avec elle le cœur des plus là, des juste ici. S'en vont et viennent ainsi mes mots à qui je m'adresse, je leur ai promis ce matin.

Encore hier à la messe, mais ce n'était pas mon prêtre de St-Sulpice, j'étais à mon église de quartier, entouré d'étrangers, et comme j'aime à le dire, moi le premier, avec mon petit papa à côté de moi, qui a communié, avec moi. Sermon qui m'a fait triste un peu, le prêtre a parlé d'une Une de libération où l'on pouvait voir la France dessinée en chapelet. Entendre qui voudra, l'occasion était trop belle pour mettre dos à dos tous les ânes bâtés, et moi le premier, comme ça pas de jaloux. Enfin en somme, le prêtre, parce qu'il faut creuser encore, a ironisé sur cette Une "de gauche" ("de gauche" c'est moi qui le dit, Hi hi) qui de la sorte « témoignait »  de l'Avant, la venue de Jésus, alors qu'on sait très bien que Libé est à gauche, n'est-ce pas ? (Tous mes mots ont compris) ... enfin voilà, alors je suis replongé dans mon cœur, aller chercher Etty qui est toujours là, la haut, et me cueille. Je reprends à mon compte que l'on peut être indigné, alors voilà, pas de colère mais de l'indignation, comme Jésus qui fait voler en éclat les étalages des vendeurs du temple, et moi à me demander si j'étais bien à ma place ici, étranger parmi les étrangers, notre lot à tous, alors je me suis dit que oui et je suis resté là, dans le silence près de Etty et de mon papa aussi ; l'ostie m'a fait du bien, comme à l'habitude j'ai fermé les yeux et j'ai senti beaucoup de bonnes choses. Nourriture céleste, je le dis, je cultive le jardin du bonheur, même si je suis entouré d'étrangers, comme chacun peut l'être.
Les autres étrangers n'étant pas loin, les mécréants comme pourrait dire les premiers, les autres étrangers qui ont sans doute pas voté Fillon. Fillon ils étaient tous autour de moi à la messe, j'aime à le croire, et moi, le petit Juppé en culotte courte, l'ostie à la main, premier de la classe, qui pleure, et qui rit. Calimero de la première heure, tout seul, et pétri dans le bonheur. Cultiver mon jardin, sentir que cela pousse dans le cœur, et que cela pousse jusque les yeux qui pleurent. que du bonheur.

Moi je vais voter Poutou si Hollande se présente pas aux primaires. Ils m'énervent tous, Montebourg, Hamon, et toute la clique, "moi je", "moi je", je me reconnais bien là. Poutou au moins il ne cherche pas à être président, il le dit lui même. Il veut juste être là, témoigner pour ses camarades et pour lui-même, témoin du peuple, témoin du Christ, quelle importance; Témoin, cela me va. Hélas, sur l'estrade, les Montebourg, Hamon et autres professeurs Tournesol, avec leur règle millimétré, qui disent "non c'est moi", "non c'est moi". Moi je dis, non c'est Hollande, sinon c'est Poutou, c'est tout

9 novembre 2016 - les sumériens

les sumériens

Je prends mon calame, roseau taillé en pointe qui servait aussi à l'occasion à l'époque de l'écriture cunéiforme, pour écrire encore aux entournures. L'écriture cunéiforme, c'est mon dada, tout du moins la civilisation sumérienne, et c'est pourquoi je m'approprie ce nouveau mot, le calame pour désigner ma plume blanche, ma plume noire, et partir à dos de chameau dans les contrées lointaines de la "Mésopotamie", région millénaire située entre deux fleuves, l'Euphrate et le Tigre. Des faits, rien que des faits, je ne dois pas trop me disperser, aussi je note ici des points précis, même si des mots peuvent danser parfois en cachette, avec la jolie musique de Vivaldi qui me porte. Il est des mots comme cela, comme porter dans son cœur, comme ne plus pouvoir se déparer de la lumière et la joie qui va avec, mais revenons à nos moutons de Sumer.
Revenons donc à ce souhait, ce vœu pieu, de concentrer mon esprit sur les faits. Donc voici les faits; tendinite il y a six semaines, disparue au bout de deux semaines, mais qui m'a recentré, moins de piano, même si j'essaie de tenir deux heures quotidiennes… Un fait pouvant en cacher un autre, voici l'autre, m'a soudaine passion pour le Louvre, puis le Moyen-Orient, enfin les sumériens, et les Acadiens par la même occasion, leurs amis-ennemis, Amis ennemis qui prend tout son sens lorsqu'on retiens que les Acadiens et Sargon le premier, en -2340 av. J.-C., ont pénétré les terres sumérienne, ainsi, envahisseurs de première heure, avec leurs grands arcs et plus tard, peut-être beaucoup plus tard, avec une infanterie (Nous reverrons ce point plus loin, nous verrons bien…). Amis aussi car ils avaient conservé certains dieux sumérien ainsi que l'écriture cunéiforme pour pouvoir traduire pour la première fois leurs pensées sur des tablettes en argile. Quoi qu'il en soit, c'est ainsi que naquit, après le premier royaume de Sumer, le premier empire d'Akkad, avec deux k. Revenons sur les faits, les Acadiens disions-nous donc, des sémites venus à l'origine du nord de la Mésopotamie, venus s'emparer des villes de Sumer, Ur, Uruk, Lagash, Kish, Nippur ... ainsi que de leurs dieux et déesses, Enki, Enlil, Ningursah ...
et moi au premier rang de la classe qui compte les points. Moi, Madame, je sais, je sais aussi les Elamites qui zonaient dans l'ancien Iran, à la porte de Sumer, par l'est. moi madame, je sais d'autres choses, d'autres rangs, des rois, des dieux, des mi-homme mi-dieu comme Gilgamesh, voyez-vous maîtresse, je connais bien mon sumérien.
Un bon point pour moi, roi des fayots, qui rêve toujours la tête dans les étoiles et le doigt en l'air. Moi qui rêve de porter ce fabuleux trésor de Sumer ici même…

Mais les faits sont les faits, et sans faire de vilain jeu de mots, les faits sont parfois pas des fées.
Le fait pas fée de ce matin c'est Trump qui est passé 45e président des États-Unis. Incroyable, alors moi j'y vais de mes petits mots sur visage-livre, pour dire Facebook en plus clair. Voilà ce que cela me fait comme effet, Trump au milieu de nulle part, au milieu de mes sumériens et de mon Vivaldi, qui vient murmurer à mon oreille de baisser les bras et de prendre mes jambes à mon cou, de plier et mettre un genou à terre voir les deux… Mais voilà je n'y parviens pas, rappelé par la vie et l'envie de vie, et aussi par mes nouveaux amis, les sumériens  ...

11 octobre 2016 - Deuil

Deuil

Faire un deuil, le deuil du piano mon ami, qui me quitte et moi, là, je tremble. Avec la joie qui va avec. Moi, ici et maintenant, ma tendinite à portée de main mais je garde les yeux dans les étoiles, et je me suis posé, ici, tout prêt de toi, petit livre qui porte mes rêves.
Comme à l'habitude j'ai fais tourner sur le gramophone moderne mon Bach au violoncelle, et de ma main valide j'écris les mots qui me retiennent encore, comme un fil qui retiendrait un ballon rouge dans la nuit, voler ainsi au vent, et dans la nuit noire et silencieuse sentir la mélancolie, qui, comme quand la mer se retire, laisse mes rêves et moi à tout vent, dans le creux de ma vie, et des coquillages alentours. La mélancolie, là, qui me retient, tout comme les coquillages qui retiennent le bruit de la mer, et quand je colle mon oreille à l'un d'eux, il me parle tout bas, me raconte le velours bleu de la mer, et les poissons qui dorment et rêvent aussi, des rêves de poisson, qui rêvent de devenir de grands poissons, tout comme moi je rêve de devenir un autre moi.
Encore du bla-bla avec mon ballon rouge qui prend l'eau, on connaît la chanson, alors tout doucement glisser l'océan tout au creux de mon petit coquillage, et m'endormir tout près de lui, partir en voyage, le sentir vivant dans moi, dépérir de bonheur, dire merci, tirer à tout-va et dormir… Dormir… Dormir… Se réveiller dans un rêve de piano, le piano mon ami qui m'a quitté et a laissé place à mon amie la tendinite. Que des amis ! Quelle chance ! Je profite et prends le temps désormais, le desert qui m'installe doucement et les mots qui deviennent rares et m'étouffent à présent, pour laisser place à un doux tumulte, et des moments de doute, sentir la mélancolie à plein nez, comme on respire l'iode au bord de la mer, et puis, doucement revenir à des mots simples, des vrais amis, revenir aux gens que j'aime, reprendre le chemin de la joie… J'ai beau dire, cette expérience de la joie me rend perplexe et surtout parfois il me semble être sur une île déserte, sentir comme une lumière qui m'inonde, ici, et ailleurs, dans le métro, tout près des étoiles ; je pense souvent à ma petite maman, à Etty, à Anne, pour Anne Frank, et puis ensuite il y a tous les moments de la vie qui nous élèvent ou nous font sombrer, selon qu'il fait jour où qu'il fait nuit, avec la mélancolie toujours qui nous tient. Mélancolie de la joie et la joie mélancolique ; mon petit garçon qui grandit, porter sa petite voix dans mon cœur à chaque fois que je l'entends pour faire pousser les fleurs de mélancolie, oublier qui je suis, oublier le piano qui va avec, oublier mon ombre qui me suit,  oublier que l'on sombre, et rester là avec cette joie qui, il est agréable de le croire, ne vous quittera plus jamais, même si l'instant d'après le corps refait surface, pieds et points liés aux affects et autres humeurs spinoziennes, et qui vident l'âme.
Mais encore il suffit de sentir la joie à nouveau m'envahir pour faire voler en éclats tout ce bazar et l'ego qui va avec. Juste aimer, sans qui, sans quoi, ni comment, ainsi on aime encore plus ceux qu'on aime. Aimer mon petit Nathan, aimer sa maman, aimer la joie, et aimer aimer.

2 septembre 2016 - le bonheur et la joie

Le bonheur et la joie

Rendez-vous compte, mai, juin, juillet, août, et pour finir, septembre, doucement, qui arrive, à pas de velours, la musique de Bach cheville au coeur. Coucher mon âme, c'est cela que je me dis dans mon horizon lointain, toucher les fantômes qui m'habillent, décliner mon nom, et porter la consolation, la paix intérieure, entre Etty et Anne Franck, et Bouddha qui s'invite au voyage, le bonheur et la joie, des incertitudes amies, dans le pli de l'âme, pour plus dire mon âme et ramener toujours à moi. Mathieu Ricard me l'a dit, l'Ego c'est le bazar, on compte plus les heures endormis sur soi, loin du silence et du cœur tout au fond, qui règne et digère les âmes.
Tout un programme, quelle aventure mes amis, entre le bonheur et la joie… Le bonheur, tapis dans l'ombre, accéder au bonheur, un peu comme on gravit une échelle, ou une montagne à la sauce bouddha, l'Himalaya, tout là-haut, dans la cime du cœur, la pointe fine, et ma plume amie qui s'y fixe. L'inutile comme unique boussole, et la tendresse qui vient toute seule, comme avec un bâton de pèlerin qui zone dans les rues de Paris, le ciel à portée de vue. Le bonheur, entretien avec un ami fidèle, qu'on retrouve au bord du chemin, partager des moments de rien, et partager ce qui fuit, rire et pleurer, tendrement. Le bonheur et son alliée la bienveillance, la bien vieillie, plus dure à ranimer que le désir et son plaisir, sbires de la surconsommation ambiante. Juste dire merci quand ça vient, vivre meilleur plutôt que mieux, comme dit Alexandre dans le livre que je lis en ce moment, « trois sages en nage »; enfin plus exactement « trois amis en quête de sagesse » ... et le bonheur qui nous protège, véritable parfum qui embaume les souvenirs passés et à venir, et au milieu une fontaine : la joie, je veux dire la joie ici, qui témoigne de l'instant, la joie comme à présent ; le présent au milieu de nulle part qui ne cherche pas à faire le beau, et la joie la belle. La joie qui s'efface quand on veut la fixer. La joie éphémère dans le ciel. Un oiseau qui ne fixe pas le ciel mais qui emporte tous les rêves dans son vol … Et la musique de Bach qui coule comme l'eau dans la rivière ;

Le bonheur et la joie, amis pour la vie, c'est ici et maintenant, c'est inutile et possible, c'est sans faille, le plus difficile et le plus facile à la fois, le plus solide et le plus fragile, c'est des nuages blancs et des enfants qui essaient de les attraper. Le bonheur et la joie, comme un début et une fin, mais qui ne s'arrêtent jamais et qui sont toujours à recommencer. Comme cela ne fixe pas, nous pouvons toujours y retourner, comme des frères, et des âmes  sœur.
Apologie de ce qui est vain, de l'inutile, de la tendresse qui nous tient, mais chut, tout cela est vain

29 août 2016 - lapins endormis

Lapins endormis

Là, assis au bord d'une rivière imaginaire, j'ai une heure de solitude amie pour emporter mon être dans les eaux tièdes ... La nuit dernière j'ai rêvé comment c'est quand c'est plus, et c'était tout doux. Un fil qui me portait dans sa grande bonté, et moi funambule dans cette nuit, je suivais ce parfum d'éternité. Je me suis alors assis à côté de mon petit garçon et je lui ai lu les trois brigands, un livre très grand format qui raconte l'histoire de ... trois brigands ... avec des grands chapeaux et des pétarades et autres ustensiles à détrousser les promeneurs. Et moi là à côté de mon petit garçon je contais les plumes du temps, et je dormais heureux au creux de ma vie ... alors les trois brigands s'en sont allés et mon petit garçon a été chercher un autre grand livre, Loulou, un loup format lapin ... mais l'heure tourne et je dois vous quitter. Des gens vont bientôt apparaître et déterrer mes lapins endormis ...

11 mai 2016 - mouton nuage

Mouton-nuage
Petit mal de dos saisonnier, doux suaire dans la nuit, pour me rappeler à mon bon souvenir, et les fantômes alentours. Je viens poser sur ces lignes mes maux doux, en équilibre instable comme on dit quand on a peur du froid, mais Vivaldi retient mes petites larmes, pour les garder plus longtemps encore dans le creux de mon âme et me sentir encore en vie, et mon petit mal de dos, lymphomatique ou pas ... Quand on met "petit" devant un mal de dos, ou bien devant un prince, on a envie de se blottir et de regarder le ciel, bien confortable, entre ma chère Etty Hillesum et saint François d'Assise. Je me suis agenouillé à l'église lundi à la messe, mais ça m'a fait mal aux genoux, moi qui voulais me blottir, je me suis senti comme étranger, alors je me suis relevé ...
Comme Etty, écrire pour ne pas oublier qui je suis même si les mots me fuient et ne me reconnaissent pas ce matin, et moi qui veut me blottir près d'eux, sentir comme la vie est jolie quand on l'écoute au loin. Me dire que ce nuage, tout là-bas, s'offre à moi comme moi je m'offre à lui, Sa jolie forme qui me fait penser que je suis ici, à le regarder, et qu'il me regarde aussi, avec tendresse.
Le vide d'installe ici, avec ces mots de ce matin qui ne résonnent plus et m'arraisonnent plus qu'ils me font rêver, mais il faut accepter la part incertaine qui fait la part belle aux déserts, à la nuit noire, au sombre destin des hommes, aux fontaines qui ne coulent plus, et l'homme sur le seuil, et moi là le premier, dieu de l'instant avec un petit d, comme pour m'y blottir encore, avec mon nuage que j'aime et qui m'aime, qui me parle tout bas dans le silence.
Fermer les yeux, me rapprocher un peu plus de mon mouton-nuage, un cadeau du ciel, et moi, là, avec ma muselière pour pas qu'il mange ma rose, ma rose éphémère, et moi, encore, qui broie du blanc et du noir avec les mots qui volent en éclat, et qui ramasse les miettes pour les mettre dans mon cœur et les aimer tendrement. Puis dans mon château emporter les gens que j'aime, et la lune, et le ciel, emporter les silences et les bruits qui m'ont portés, emporter aussi la pluie fine qui vide les cœurs, et comme dit Etty, Dieu si tu ne peux pas nous ramasser, moi je te ramasserais, tant que je peux, ou même si je ne peux pas. Qu'importe, sinon porter mon cœur que je confond souvent avec mes yeux qui pleurent, et la pluie fine qui vide les cœurs, et Vivaldi je l'emporterai aussi dans mon château de rêve, là, sur mon mouton nuages qui prend l'eau, et aussi qu'importe qui on est ou qui on n'est plus ; juste enfouir tout ceux que j'aime dans mon cœur et m'y blottir pour toujours

6 avril 2016

La liberté
Je t'abandonne cher petit livre, cher à mon cœur qui bat encore. Voilà quatre mois que je n'ai pas écris. Je me rappelle aujourd'hui, en jetant mes yeux dans le bleu du ciel matinal, par la fenêtre de la cuisine, je me rappelle que tout est affaire entre soi et soi, bien que les autres soient partout, dehors, et dedans, surtout dedans, sous la forme d'affect comme dirait Spinoza, le maître de liberté. Alors quand on se dit qu'on a eu des moments de doute, la nuit encore bien conseillère de la mort, qui vous caresse le corps, et moi là ce matin, en petite suée, mais pas trop, la gorge encore prise, et puis sentir que la vie vous échappe, comme si les gens tout près, Nathan et sa maman, étaient loin, alors qu'ils sont encore plus prêts, drôle d'impression.
Ce matin, comme écrirai ma chère grand-mère Madeleine, je vais à Aubervilliers pour la tutelle de Bruno, et patati, et patato, comme dirait ma chère grand-mère, qui écrivait toujours sur son agenda, tous les jours de l'année, tous les moments de la journée, le chemin vers la liberté peut-être ? ?
Écrire, même un peu, poser de la lumière pour soulager l'ombre qui règne, ne rien dire mais sentir que l'on peut être libre, avec les nuages noirs au-dessus de la tête, et à ce moment précis, rêver de lever la tête, non pas pour percer la nuit, mais pour lui tendre les bras et lui ouvrir son cœur, comme à présent sur ces tendres ligne, accompagné de ce cher Vivaldi.
Un repos en forme d'éternité, un parfum de bonheur et soeur la mort tout à coté, la liberté chérie, et le secret c'est d'écrire, écrire contre l'injustice comme disait une dame à la télé, mais là c'est plutôt écrire pour sentir le vent dans mes cheveux de pierre, entendre la voix de Etty et de Saint-François dans le creux de mon âme, plier à leurs amour, écouter Jésus et lui dire pardon, plutôt que de lui demander. Lui dire aussi que j'ai essayé d'être un saint, non pas pour être un saint, mais pour être libre, même si je n'y suis pas arrivé. Un saint, mais pas comme saint François, trop difficile et surtout il faut s'écouter soi et ne pas vouloir faire comme les autres, même si Saint-François d'Assise élève mon âme, Saint-François, maître en la matière, et moi élève de mon âme.
Merci pour ces tendres moments, et les mots qui vont avec, merci la vie, merci Nathan, et sa maman, merci le reflet de ma vie que je sens poindre au fond de mes yeux, merci les étoiles qui sont entrées dans mon cœur et moi qui les ai cueillies.
Merci le petit prince et Saint-Exupéry pour l'ode à l'amour, pour les champs de blé et les jolies images autour, les cheveux blonds du Petit Prince, le renard, et la rose, unique et belle.
Merci pour le temps que j'ai pris ce matin, pour écrire ces mots qui me font du bien, merci Monsieur le temps qui nous éconduit tendrement vers la liberté chérie.

22 janvier 2016

Déjà 2016, alors j'éteins la télé et j'ouvre mon cœur, déjà 2016, aujourd'hui, jour ordinaire, demain, mon anniversaire, du haut de tes sept ans mon petit Nathan, et moi, assis, là, heureux quand je me rappelle que je suis heureux.
J'ai ouvert le gramophone et installé Bach au pupitre, et toi à l'école, maman au travail, et moi, assis sur ma petite chaise-nuages, je vole au secours des oubliés de la vie, je veux dire le soleil et la nuit, les rêves à portée de main, les étoiles vagabondes qui errent dans le froid de l'hiver, et les hommes, et les femmes, et moi aussi, toujours pressés, j'ai pas appelé qui, j'ai pas fait quoi, j'ai pas acheté des œufs, j'ai pas préparé mes deux phrases pour le théâtre d'impro, j'ai pas travaillé trois heures le piano ce matin, juste deux, j'ai pas là, j'ai pas ci, mais là, y'a mon Nathan et Bach qui me rappellent qui je suis, d'où je viens, et où, par incertitude bienveillante je vais de jolis façon.
Poser des mots dans ton petit cahier mon petit Nathan, petit pour petit prince, on connaît la chanson, mais c'est comme une prière, comme le soleil, quand ça réchauffe, on ne se lasse pas, comme on ne se lasse pas d'aimer, et comme je ne me lasse pas d'entendre la voix de Etty Hillesum aussi ...
Nathan, à toi maintenant, tu fais les Legos et tu les fini tout seul, tu sais jouer la do la en croche à la main gauche, avec des fois un fa ou un la qui traîne à la main droite, pour faire chanter le piano… Et le violon aussi, avec le deuxième doigt aussi… Et ta prière de ce matin à Sainte Thérèse, à qui tu veux mon cœur, comme dirait maman, mon cœur aussi… Et ta prière tu me dis c'est toujours la même, pour être sûr je crois que tu m'as dit, mais j'en suis pas certain, en tous les cas il en est bien question, tu dis toujours que tu veux devenir magicien, et moi ce matin j'ai juste dit merci.
Ah oui, et le ski aussi, voilà c'est dit, avec ma chaise rêves je chasse la neige et toi tu slalome sans les bâtons mais avec les skis, si si...
Déjà, déjà 2016, aujourd'hui un jour ordinaire, et demain c'est mon anniversaire… 44 ans, et toi 7, ça fait 51, et 100 qui font 1000, je sais plus, mais je sais que tu es là et toi que je suis ici, tout prêt de toi, tous ces petits mots sont pour toi et pour que tu puisses t'y poser comme sur ma chaise-rêve.
Ton papa qui t'aime

7 novembre 2015

Nathan et maman sont partis à la campagne, et moi je reste au calme, avec la belle musique de Vivaldi. Prendre mon temps, et là, dans l'urgence lente, je cherche les mots pour dire la quiétude du moment. Petite sueur dans la nuit, Mi-rêve, et mi-cauchemar, mi-ange et mi fantôme, mi-Nathan et mi-moi. Me retrouver loin de moi, ma pensée d'hier qui me revient à demi-mots, Etty, encore mon Etty, je le disais à ma Tata Thérèse hier. En substance mais sans brutalité; je me disais à moi-même hier ceci, que si les écrits de Etty Hillesum ont eu une telle résonance chez moi et que j'y voyais tant de lumière, c'est en raison aussi de son funeste destin, les camps de la mort et la mort dedans, que c'est cela qui a donné l'éclat à ce qui en avait déjà… Comment est-ce possible ?
Toute cette obscurité qui permet à la lumière d'être plus éclatante encore, comme les étoiles qui brillent dans la nuit noire… Alors moi je me suis blotti dans ce sentiment si doux, cette réconciliation éphémère avec sœur la mort, se dire que ce qu'on a déjà vécu était si beau alors pourquoi toujours vouloir plus, mieux, encore des vacances, encore des projets,j'en veux ici, j'en veux là, et dans 10 ans, et dans 20, course effrénée vers la mort, alors que là, moi, avec mon Etty et les petits papillons dans la nuit, je sens la lumière toute belle, et la mort devient un cadeau, qui donne toute la forme à la jolie vie… Et les fantômes autour qui me font ouh !!!.... Ouh!... Ouh!...et moi je fais hi!!! .... Hi!!!... Et hi han aussi comme ça tout le monde est content…
Sans colère mais l'indignation on a le droit, c'est Etty qui me l'a dit.
Et puis bien sûr quand on va mourir on est triste, mais on a rien sans rien, et la mélancolie la prendre par la main…
J'aime bien parler avec ma Tata Thérèse, et je lui raconte tout ceci, et avec elle je dis que je pense à la mort tous les jours parce que dans jours il y a vie.
Je vais essayer de garder ce doux sentiment, cette espérance que Etty m'a porté, mais qui s'en va dès qu'on la touche, juste regarder, mais pas trop parce que ça brûle et on voit plus rien, la modération, entre la gloire et l'humilité, entre la lumière et la nuit, toutes les deux réunies dans l'amour.
J'avais dit un jour à mon petit garçon, mais je l'ai peut-être déjà dit, mon petit garçon, si je dois mourir demain, je voudrais te dire que tu m'as sauvé la vie parce que je suis dans ton cœur;
Et aussi qu'on a rien sans rien, que quand on touche on est touché, et que dans la tristesse tout au fond il y a de la lumière.

21 mai 2015

J'ai passé mon scanner de contrôle ce matin, tout est OK

Dans la salle d'attente, je suis tombé sur ces mots de Etty Hillesum (jeune femme juive d'Amsterdam, morte à Auschwitz à 29 ans) tirés de ses "journaux et lettres 1941-1943" que je suis en train de lire.

« je ne remercie jamais les bonnes choses terrestres que je reçois de lui (Dieu) et je ne me révolterai pas non plus le jour où je ne les aurais plus. Cela me déplaît de remercier pour quelque chose que tant d'autres n'ont pas. Car elle est encore bien mauvaise, la répartition des biens matériels sur cette terre imparfaite. Et que l'on soit du côté des rassasiés ou des affamés, cela me paraît le fait du hasard. Je ne pourrai donc jamais remercier de mon pain quotidien si je sais que tant d'autres doivent s'en passer. Mais : si un jour je n'ai plus ce pain quotidien, j'espère remercier tout de même. "

7 juillet 2014

Douce nuit, douce vie, qui vient m’entretenir,
Me dire quand c’est joli, et quand c’est triste aussi,
De l’ennui qui rode comme un avion dans sa cage,
Et le ciel ami qui me tend ses nuages,
Et moi, là, entre la lumière et un peu de moi,
Je ne sais plus qui je suis, sinon un roi,
Le roi de ma vie qui va, loin, tout près de toi,
Mon petit Nathan, lumière de ma vie,
Je pose ici ce moment de bonheur,
Et puis tant d’autres,
Juste un seul instant,
Là, mais jamais las de toi,
Petit prince de dans ma vie,
Qu’importe que je sois ou que je ne sois plus,
Puisque tu m’emportes là ou tu es

28 mars 2014 - Rosalie

Aujourd'hui je suis allé voir Rosalie. Elle dormait dans les bras bienveillants de sa maman. J'ai donné à sa maman quelques heureux et une peluche grenouille pour sa Rosalie, puis je suis allé acheter de la nourriture et de l'eau dans une boulangerie, et aussi deux bananes et un yaourt magique. Le yaourt et l'eau c'était l'idée de la maman. J'ai regardé une dernière fois Rosalie qui dormait toujours paisiblement, bercée par le bruit des voitures et les bras tendres de sa maman, puis je suis reparti comme je suis venu, plein de ciel de Rosalie dans la tête ...

21 mars 2014 - Rosalie

Rosalie, petite fille roumaine des bords de chemin, aujourd'hui, du haut de tes deux ans, tu as rempli tout mon être de ta lumière. J'ai donné à ta maman un peu d'argent, et puis je t'ai portée dans mon cœur jusqu'à l'hôpital. Merci Rosalie, c'est sur je reviendrai, avec une peluche, je l'ai dis à ta maman.
Si un jour vous croisez Rosalie, merci pour moi donnez à sa maman un peu d'argent, et dites lui des mots bleu ciel comme le ciel de Rosalie. Elle est juste en bas de la Bibliothèque Rainier Maria Rilke, 88 Ter Boulevard de Port-Royal, Paris, RER ligne B station Port-Roya