vendredi 7 avril 2017

11 octobre 2016 - Deuil

Deuil

Faire un deuil, le deuil du piano mon ami, qui me quitte et moi, là, je tremble. Avec la joie qui va avec. Moi, ici et maintenant, ma tendinite à portée de main mais je garde les yeux dans les étoiles, et je me suis posé, ici, tout prêt de toi, petit livre qui porte mes rêves.
Comme à l'habitude j'ai fais tourner sur le gramophone moderne mon Bach au violoncelle, et de ma main valide j'écris les mots qui me retiennent encore, comme un fil qui retiendrait un ballon rouge dans la nuit, voler ainsi au vent, et dans la nuit noire et silencieuse sentir la mélancolie, qui, comme quand la mer se retire, laisse mes rêves et moi à tout vent, dans le creux de ma vie, et des coquillages alentours. La mélancolie, là, qui me retient, tout comme les coquillages qui retiennent le bruit de la mer, et quand je colle mon oreille à l'un d'eux, il me parle tout bas, me raconte le velours bleu de la mer, et les poissons qui dorment et rêvent aussi, des rêves de poisson, qui rêvent de devenir de grands poissons, tout comme moi je rêve de devenir un autre moi.
Encore du bla-bla avec mon ballon rouge qui prend l'eau, on connaît la chanson, alors tout doucement glisser l'océan tout au creux de mon petit coquillage, et m'endormir tout près de lui, partir en voyage, le sentir vivant dans moi, dépérir de bonheur, dire merci, tirer à tout-va et dormir… Dormir… Dormir… Se réveiller dans un rêve de piano, le piano mon ami qui m'a quitté et a laissé place à mon amie la tendinite. Que des amis ! Quelle chance ! Je profite et prends le temps désormais, le desert qui m'installe doucement et les mots qui deviennent rares et m'étouffent à présent, pour laisser place à un doux tumulte, et des moments de doute, sentir la mélancolie à plein nez, comme on respire l'iode au bord de la mer, et puis, doucement revenir à des mots simples, des vrais amis, revenir aux gens que j'aime, reprendre le chemin de la joie… J'ai beau dire, cette expérience de la joie me rend perplexe et surtout parfois il me semble être sur une île déserte, sentir comme une lumière qui m'inonde, ici, et ailleurs, dans le métro, tout près des étoiles ; je pense souvent à ma petite maman, à Etty, à Anne, pour Anne Frank, et puis ensuite il y a tous les moments de la vie qui nous élèvent ou nous font sombrer, selon qu'il fait jour où qu'il fait nuit, avec la mélancolie toujours qui nous tient. Mélancolie de la joie et la joie mélancolique ; mon petit garçon qui grandit, porter sa petite voix dans mon cœur à chaque fois que je l'entends pour faire pousser les fleurs de mélancolie, oublier qui je suis, oublier le piano qui va avec, oublier mon ombre qui me suit,  oublier que l'on sombre, et rester là avec cette joie qui, il est agréable de le croire, ne vous quittera plus jamais, même si l'instant d'après le corps refait surface, pieds et points liés aux affects et autres humeurs spinoziennes, et qui vident l'âme.
Mais encore il suffit de sentir la joie à nouveau m'envahir pour faire voler en éclats tout ce bazar et l'ego qui va avec. Juste aimer, sans qui, sans quoi, ni comment, ainsi on aime encore plus ceux qu'on aime. Aimer mon petit Nathan, aimer sa maman, aimer la joie, et aimer aimer.

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