dimanche 8 janvier 2023

Dimanche 8 janvier - Papa

Hier j'ai été voir mon papa. La maison de retraite, ça fait peur, la vieillesse et tout et tout. Mais mon papa à moi il est là bas, à Pantin, sa maison de retraite s'appelle la Seigneurie, et il est traité comme un prince, le personnel est gentil ... sa maison de retraite est classée 2ème d'ile de France, et c'est vrai que c'est la maison de retraite la plus sympa que je connaisse parmi celles que j'ai déjà eu l'occasion de voir lors de mes prestations de piano. Je sais pas, on dirait elle est posée sur un nuage, tout de suite on voit un grand jardin, des chats dans l'herbe, des chats qui n'ont pas de nom mais ils font du bien avec leur présence, il y en a un l'autre fois qui louchait un peu, juste ce qu'il faut pour vouloir le caresser et le prendre dans ses bras, sur les genoux. Au début il était réticent puis il s'est laissé amadoué. On fait ça qu'avec les chats d'ailleurs, on caresse pas les vieux et on les met passer nos genoux, on pourrait pourtant, ou juste les caresser un peu sur la tête pour pas être trop intrusif, ça serait sympa. En voilà encore une riche idée, il faudra que j'en parle au directeur de l'établissement la prochaine fois que je vais voir mon papa.

vendredi 6 janvier 2023

Samedi 7 janvier - Vive BFM !

Hier en allant au café en bas de chez moi pour ma bière-clop-hebdo, j'ai constaté avec beaucoup de plaisir l'absence de mégots sur le trottoir. Quasiment en fait parce que en arrivant devant chez moi, Bam Bam Bam j'en ai trouvé trois comme par hasard !! promis juré, c'était pas moi (mais pas craché, ça non plus je le fais plus dans la rue depuis très très, très longtemps). Les gens deviennent plus respectueux je trouve, et plus civilisés, quoiqu'on en dise, même si la télé nous serine avec des images négatives, que les gens sont ci, qu'ils sont las, et nous font un récit catastrophe sur l'énergie, le pouvoir d'achat, comme si les gens pensaient à ça toutes les deux secondes, voir toutes les secondes, des chroniqueurs de pacotille et autres éditorialistes, sans parler des politiques, les pires de tous, chacun avec son nonos. Et tous les moutons, bêêêêê, les moutons c'est nous, à écouter ces ron rons quotidiens, et le tournesol il a augmenté de 40% en un an, et les lingettes, et la moutarde y'en a plus, peut être !! catastrophe !! non en fait ça va, on en a retrouvé au supermarché du coin ... on s'en fiche les gars !!! parlez nous des trottoirs en bas de chez moi, ils sont tout propres !!! et sortir de cette grande farce politico médiatique, et nous tous à l'abreuvoir, bêêêêê. Heureusement la télé c'est pas obligatoire de la regarder mais je crois beaucoup de gens l'ont oublié. Pourquoi on irait pas plutôt se promener dans la rue, ou à la campagne pour ceux qui n'ont pas la chance d'avoir une rue en bas de chez lui, et se ré inventer, compter les mégots dans la rue, compter les nuages dans le ciel, compter les gens qui portent des lunettes, des chapeaux, des lunettes ET un chapeau, un toutou, s'émerveiller mais pas trop, parce que sinon comment ils vont faire pour vivre à la télé si plus personne les regarde. Heureusement ils ont encore un bel avenir les gens de la télé. Tiens d'ailleurs il est bientôt 9h, ça va être l'heure de mon café avec BFM, je vais être obligé de vous quitter ... bêêêêê

jeudi 5 janvier 2023

Vendredi 6 Janvier - S. Zweig

J'aime beaucoup cette lettre d'adieu que Stefan Zweig a écrite en 1942, avant de se donner la mort par empoisonnement au Véronal. accompagné par sa femme qui ne pouvait imaginer la vie ans lui ... 

« Avant de quitter la vie de ma propre volonté et avec ma lucidité, j’éprouve le besoin de remplir un dernier devoir : adresser de profonds remerciements au Brésil, ce merveilleux pays qui m’a procuré, ainsi qu’à mon travail, un repos si amical et si hospitalier. De jour en jour, j’ai appris à l’aimer davantage et nulle part ailleurs je n’aurais préféré édifier une nouvelle existence, maintenant que le monde de mon langage a disparu pour moi et que ma patrie spirituelle, l’Europe, s’est détruite elle-même.
Mais à soixante ans passés il faudrait avoir des forces particulières pour recommencer sa vie de fond en comble. Et les miennes sont épuisées par les longues années d’errance. Aussi, je pense qu’il vaut mieux mettre fin à temps, et la tête haute, à une existence où le travail intellectuel a toujours été la joie la plus pure et la liberté individuelle le bien suprême de ce monde.
Je salue tous mes amis. Puissent-ils voir encore l’aurore après la longue nuit ! Moi je suis trop impatient, je pars avant eux. »

"Hanté par l'inéluctabilité de la vieillesse", c'est ce que j'ai aussi lu sur Wikipédia ... donc je ne serai pas le seul !! en plus de cela Stefan Zweig !! qui pense comme je pense !! partir à  60 ans, c'est la première fois que je lis sur un suicide "heureux", étrange sentiment qui me procure, on pourrait dire, une forme de joie, et d'espérance aussi, mot un peu compliqué pour dire l'espoir de l'instant ... ce n'est pas un plaidoyer pour une forme de suicide heureux que je fais là, simplement dire qu'on peut voir de la lumière partout, comme j'ai pu en voir en parcourant cette belle lettre d'adieu

mercredi 4 janvier 2023

Jeudi 5 janvier, on tient !

 On tient ! 3ème article en 3 jours, mais quel intérêt à tout cela, sinon comme un sculpteur, prendre mon ciseau et tailler des mots dans la pierre silencieuse, extraire la substantifique moelle, trouver des mots simples, comme ici même, pour dire des choses confuses, comme cette nuit, mon rêve ...
J'entends la clameur, un pianiste virtuose qui joue dans une grande salle où tout le monde mange, il finit grandiloquent, les accords qui claquent sur le piano, et un tonnerre d'applaudissement quand il parachève sa prestation ... il s'en va ... ça va être à mon tour ... comme chacun sait, et ce n'est plus une surprise pour personne, un rêve réserve toujours des surprises, et comme chacun sait aussi, on est toujours cueilli même si on sait qu'on sait.... En général, c'est toujours une surprise en forme d'empêchement, quelque chose qui empêche d'avancer, et nous oblige à faire du surplace, et pour l'éternité.... j'arrive donc devant mon piano, mais en fait c'est un pano ridicule, un synthé, je crois même qu'à un moment il n'y aura plus qu'une octave. Si mes souvenirs sont bons, et c'est toujours compliqué avec les rêves, j'essaie tant bien que mal de jouer une valse de Chopin, mais c'est peine perdu. Bien sur on n'entendra pas la clameur du public et j'abandonnerai très vite devant ce piano tout mou ... Il y a bien un piano à queue blanc à l'étage et qui n'attend que moi, un piano sur une passerelle qu'on accède par un escalier blanc préfabriqué, un piano blanc et seul, comme moi à ces instants. Tout cela me revient à force de dénouer les nœuds de mon rêve, mais le responsable de l'établissement me dit avec autorité qu'il ne tient pas à ce que j'y joue, il est désaccordé. J'insiste mais je me vois toujours essuyé un refus de jeu. Désarmé, je lâche l'affaire, et puis je lâche par la même occasion le fil de mon rêve, comme un ballon qui vole haut dans le ciel maintenant, toujours plus haut, ça y 'est, bientôt je ne vais plus le voir ...

mardi 3 janvier 2023

Mercredi 4 janvier -tiens tiens !

Le soleil brille, les oiseaux chantent ... on pourrait commencer comme ça la journée ... et faire semblant de rien ... me voilà encore reparti dans des considérations philosophiques qui vont m'échapper ... il serait peut être  préférable de faire le dos rond, faire comme mon chat et glisser dans le lit, ronronner toute la sainte journée. 
Je me suis dis qu'en écrivant mon nom, Sacha Menny par exemple, je gagnerai peut être en visibilité et l'écume des jours pourrait alors venir taquiner mon ciel fantomatique, parce que même si parler avec des fantômes c'est bien, parler avec des vrais gens c'est pas mal non plus. Vivement ce soir, et demain aussi pour remplir une nouvelle page blanche, de tout et surtout de rien... tiens tiens !

3 janvier 2023 - Prague

Voilà, j'écris pour voir, voir si ici on voit mieux, ou pareil. 
Revenu de Prague avant hier, et ses grandes tours gothiques toutes noires, qu'on dirait comme fraîchement sorties de terres. On dirait des légumes géants, salies par la terre, comme des grandes carottes géantes qui sortiraient de leur trou pour épouser le ciel. Le ciel, ce grand mensonge, tout bleu mais tout noir derrière, mais ne nous dispersons pas. Aujourd'hui est le 3 janvier, c'est un mardi, honneur aux tours de Prague, à la ruelle d'Or, au château de la vieille ville, aussi l'horloge avec la mort en forme de squelette et qui fait tinter sa petit cloche toutes les heures ... à qui le tour ... on a été aussi en haut du Beffroi, on a vu les lumières de Noël, et puis comme si cela ne suffisait pas, j'ai mangé une grande saucisse dans son pain blanc. Après, retour à l'hôtel, un bon bain pour m'enlever toute la terre, et puis, dans le nuit de Prague, rêver 

vendredi 7 avril 2017

8 avril 2017 - Marguerite Porete

Marguerite Porete, béguine du XIIIe siècle

Le temps a pris son envol, voilà quatre mois que je n'ai pas posé mon stylo sur ces lignes. Mais ce que je sens au fond de moi est intact, habillé dès lors de Marguerite Porete, béguine du xIIIe siècle,  qui vient compléter mon tableau sur l'amour avec un grand A, ou un petit a, l'amour et c'est variations. J'en apprends tous les jours.
Il fallait bien que je repose ici les mots pour me soumettre à l'envie d'en dire autant. J'ai approché les béguines depuis peu, dont fait partie Marguerite Porete, brûlée en 1320 après avoir refusé de renoncer à ses expériences intérieures. « Je est un autre », Arthur Rimbaud, à force de me nourrir de ces belles âmes je sens cela dans mon corps, habitacle de la passion. Nul par où aller, à qui le dire, cela froisse d'ennui quand j'en parle, alors ici je me sens bien pour le décrire.
Accompagné comme à mon habitude par la musique céleste de Bach, je laisse entrer en moi ces horizons lointains, tout près du cœur, qui fait vase communicante avec mes yeux. Que m'importe le paradis ou l'enfer, là, tout au fond je sens tellement de bien, et j'enlace ma tendre Etty Hillesum, je la sens encore plus que si c'était réel. « je est un autre » prend alors tout son sens, dans cette effusion tendre et infinie, empreinte à l'inexplicable car qui veut se saisir de cela se perd. Je m'abandonne alors et n'ai plus peur, dès lors, d'avoir peur… De l'argent qui ne coule pas à flot, sinon chez mon dentiste ami qui me coûte l'ivoire de mes dents. Qu'importe si cela me pèse, je ne refuse plus d'être colérique ni tendre, je me sens pétri dans Etty, Marguerite Porettes, Anne Frank, Sainte Thérèse. Que des femmes, que j'aime dans mon cœur trop grand.
À l'aune de la nuit, parfois je pense à Etty et je la regarde, alors que mes yeux endormis échappent à tout regard, et j'enlace Aurélia comme si c'était Aurélia, Etty, et moi, et Nathan aussi, et je sens l'amour qui aime tout mon être... je m'endors alors, transporté dans des rêves colorés, éparses et désordonné, qui n'ont ni queue ni tête.
Comme Etty je voudrais devenir un grand écrivain mais je sais que cela n'a finalement que peu d'importance. Mes pensées je les dirige parfois, il suffit que je pense à une belle phrase, que je ne suis pas dans Amour, mais que c'est Amour qui est en moi, pour me sentir rassasié. Fontaine à laquelle je m'abreuve sans retenue et qui coule dans mes yeux.
Et la raison qui veut m'arraisonner encore, mais je suis bien dans cette effusion douce, et ces pensées qui m'entretiennent et font le ménage dans mon âme torturée, qui a toujours peur du noir. Cela me rassure sinon je n'aurai plus rien à donner, si je n'avais plus peur de rien.
Et là, tapis dans l'ombre de ma joie, relever le défi, devenir bon non pas pour devenir bon, mais parce que Dame amour m'entretient et que je prends congé de la vertu qui trop m'étreint.
Je constate que les mots s'accumulent mais je reste sur ma faim, avec l'impression de n'avoir rien dit, et que tout est toujours à l'intérieur de moi. Il me suffit à présent de fermer les yeux, et repenser à toutes ces belles lectures, et quelle importance si je suis un béguin solitaire sur cette terre. Quand je lis les béguines parler, comme Marguerite dans le miroir des âmes anéanties, que peut me faire d'aller au paradis ou en enfer, que peut me faire la vie éternelle si je suis déjà dans l'éternelle vie. Laisser à présent bach couler dans son ruisseau, moi sur la rive à regarder cette même eau qui coule depuis des millions d'années, comme si c'était amour et que je pouvais revenir à mon gré.
Ici c'est mon cloître, mes oiseaux, les fleurs de mon jardin, les cimetières fleuris, des éléphants qui volent dans le ciel, et les nuages blancs qui prennent le relais. C'est une petite fille au loin, assise dans mon jardin, elle n'a pas de nom car amour n'a pas de nom, il est tout au fond et cette délicate présence me ravit comme aucune autre.